Nous sommes mi-juillet 2021 lorsque des pluies diluviennes s’abattent 3 jours durant sur la Wallonie comme chez nos voisins. Plusieurs cours d'eau débordent et provoquent en Europe une des pires catastrophes naturelles du 21e siècle en nombre de victimes. Elle prive aussi de nombreux citoyens de leur foyer ou de leur source de revenus.
A Liège, particulièrement dévastée par les inondations, les coulées de boue et la pollution, comment les écoles ont-elles vécu cette épreuve ? Nous avons interrogé le courtier Adesio Assurances.
Que vais-je faire maintenant ? C’est ce que les assurés se demandent, plutôt que s’ils seront couverts
37 établissements scolaires sont impactés : les dommages se chiffrent entre 10 000 et 5 millions d’euros selon les situations et soulèvent des problématiques de structure et de stabilité des bâtiments. La gestion du contenu endommagé pose aussi question. Fort heureusement, lorsque le déluge arrive, nous sommes à peine au début des vacances d’été : les dommages ne sont que matériels.
« Il fallait rouvrir les écoles au 1er septembre. Tous les moyens sont donc réunis à cette fin. Même si des problèmes structurels subsistent, comme des chaudières en commande et des containers classes à installer, même si, fin septembre, nous sommes toujours en train de chiffrer les dommages – il faut que les bâtiments sèchent, l’objectif est atteint » entame Michel Dokens, directeur d’Adesio Assurances qui s’en réjouit : « les pouvoirs organisateurs, tous des bénévoles, n’attendent pas que l’assureur fasse tout, ils mouillent leur maillot. »
Adesio Assurances, bureau de courtage liégeois de 13 personnes, fort d’une expérience de plus de 50 ans dans le milieu scolaire, se consacre à la gestion des risques institutionnels de l’enseignement catholique. En 2021, au terme d’un marché public portant notamment sur les risques d’inondation des établissements sinistrés, il établit un partenariat avec AXA.
Michel Dokens se rappelle : « Le premier jour, je n’ai pas bien dormi, nous n’avions pas droit à l’erreur. Le contrat d’assurance couvre toutes les écoles de la même manière, il nous engage avec les quelque-713 pouvoirs organisateurs. Cette homogénéité est une chance mais une fois que cela dérape, tout le monde est touché. Nous sommes heureux de l’avoir conclu avec AXA, la collaboration est solide. »
Mais comment parvient-on à gérer un sinistre d’une telle ampleur ?
- Une des priorités est de visiter l’ensemble des risques sinistrés au lendemain des inondations afin de sauvegarder tout ce qui peut l’être, prendre des dispositions pour les infrastructures avec les ingénieurs en stabilité, mettre le contenu à l’abri, les ordinateurs… « Nous avons peiné à trouver des entreprises disponibles pour obtenir des devis. Mais une société de nettoyage nous a donné la priorité sur les gros risques liés aux inondations », relate le dirigeant d’Adesio Assurances.
- Une autre urgence est d’informer les assurés. « Organiser des réunions par région en collaboration avec le secrétariat général de l’enseignement Catholique et les CODIEC (Comités diocésains de l’enseignement catholique) nous apparait vite comme la meilleure solution. Je voyais tout le monde prendre sa plume. Nous ne pouvions nous laisser déborder. Nous privilégions l’approche collective. »
- Répondre à la demande de liquidité pour faire face aux premiers besoins s’impose naturellement : les écoles catholiques ont peu de moyens et reçoivent leurs subsides fin septembre. Les partenaires (courtier et assureur) s’entendent pour dévier de la gestion de sinistre normale et des avances sur fonds propres sont versées. Adesio Assurances a débloqué des avances en attendant le relais de la compagnie.
- Dans ce sinistre collectif, par souci de transparence et de cohérence entre sinistrés, un seul expert est désigné pour l’ensemble des écoles.
‘Ma grande inquiétude était de savoir comment nous allions évaluer le contenu’
« Sur Verviers, je voyais les sinistrés déposer tous les débris et déchets sur le trottoir afin qu’ils soient enlevés par le camion de la commune. C’est bien naturel mais nous devons nous faire une idée réaliste des dommages et pour ce faire, garder des traces, prendre des photos et estimer le matériel classe par classe en le confrontant avec ce qui a pu être sauvé. Je pense à leur faire remplir un formulaire mais j’abandonne vite cette idée », se souvient le responsable : « l’heure est à l’aide et non à compléter des papiers ».
Actuellement, Adesio Assurances repasse dans les écoles pour les aider à trouver le juste milieu de l’estimation en vue de l’expertise finale. « L’état de pertes doit rester raisonnable. La situation l’impose, nous devons d’abord veiller à ce que tout se passe bien ».
La confiance fait des miracles
« Allez-y, ne nous attendez pas pour avancer. Votre courtier est à vos côtés, l’assureur suivra : votre contrat est bétonné et le partenariat avec la compagnie est solide. Ce sont les messages que je tiens à faire passer le lendemain de cette catastrophe, lors de la première réunion avec les assurés. Les rassurer, c’est la clé. Comme j’apprécie aussi le climat de confiance qui règne entre notre bureau et AXA : nous ne sommes pas des kamikazes, nous mettons de l’huile dans les rouages pour que la compagnie puisse indemniser rapidement des dommages estimés le plus correctement possible. »
Dans ce cadre, des délégations de pouvoir, notamment sur la fixation des montants, sont accordées et un gestionnaire est désigné : tout est prêt pour le 1er septembre. Une équipe dédiée chez le courtier, une adresse mail réservée aux inondations, une communication fluide entre parties, une personne de contact unique par école, enfin des échanges très constructifs entre partenaires… tout cela permet de désengorger le flux des sinistres et de trouver rapidement des solutions, plus important que l’indemnisation en elle-même.
Et si c’était à refaire ?
« Je pense que je ferais pareil. Certes, nous aurions dû mettre en place une procédure d’urgence, mais qui peut appréhender ce qui va se passer dans une telle situation ? Je me souviens de la toute première question de l’Account Manager d’AXA le lendemain du sinistre : réussirons-nous à gérer ? Je lui réponds alors par un oui franc puisque nous sommes décidés à allouer tous les moyens humains nécessaires. Car tout cela relève essentiellement de l’humain : nous y avons passé des soirées et nous nous sommes creusé les méninges, mais une bonne collaboration entre toutes les parties et un bon dialogue épargnent beaucoup de soucis », conclut Michel Dokens.