Medex sort sa 1è étude sur les accidents du travail. Conclusions et étonnements de Cindy Gribomont, de Medex
‘Je m’attendais à une diminution globale des accidents’
Sur les 203.000 accidents du travail répertoriés en moyenne chaque année en Belgique, 41 000 accidents concernent les organisations publiques. Un chiffre qui méritait bien une étude nationale. C’est chose faite grâce à Medex, organisme chargé par l’employeur public de l’expertise médicale et de la fixation des dommages subis par les fonctionnaires dans le cadre de leur mission. Ce 1er baromètre couvrant la période de 2016 à 2021 s’inscrit dans la continuité des études menées par Medex sur l’absentéisme.
Le plus surprenant
Cindy Gribomont est responsable de l’évaluation des dommages corporels à la DG Santé et Travail chez Medex : « Je m’attendais à une diminution globale des accidents dans tous les domaines d’activités contraints à télétravailler en 2020/ 2021. En réalité, elle n’a pas été aussi forte. Nous avons aussi observé un petit glissement des accidents du travail vers des situations de télétravail ».
« Je comprends cet étonnement, sans doute pouvons-nous l’attribuer au travail spécifique propre au secteur public : plus de fonctions administratives qui ont exigé le maintien d’une présence physique à l’administration, d’un service d’aide à la population ainsi que l’absence de chômage économique. La baisse est plus accentuée dans le secteur privé, plus atteint par des arrêts de travail forcés », intervient Dave Verschueren, Expert technique Sinistres chez AXA.
Par ailleurs, les conditions météo de l’hiver 2019 ont eu un effet incontournable sur les accidents tant en frais médicaux qu’en volume de dossiers à traiter. « Neige, pluie verglaçante et brouillard, le mois de janvier 2019 occupe pas moins de 4 places du top 10 des jours les plus accidentogènes », extrait Cindy des premiers chiffres collectés.
Nous venons sans doute d’une période de sous déclaration
Le nombre d’accidents entre 2016 et 2019 a augmenté. Pourquoi ? Un premier tournant s’opère en 2014 lorsque Publiato, plateforme électronique de déclaration des accidents du travail, rend impossible toute déclaration papier. Le résultat est positif : des données nettoyées et fiabilisées, une récolte et un traitement systématisés.
Cindy Gribomont : « Les travailleurs sont aussi mieux informés et déclarent donc davantage qu’ils ne le faisaient auparavant. Je ne mettrais certes pas cette évolution sur le compte d’un risque augmenté, même si la tension devient plus palpable dans la société (crise sanitaire, inflation).
La relation entre les autorités et le citoyen se tend et engendre des formes d’agressivité ou de menaces auprès des forces de l’ordre ou des équipes de soins. Un climat que nous retrouvons dans l’enseignement. Certaines réactions élèves/ enseignants /parents dépassent le seuil d’acceptabilité et sont sources d’incidents psychiques ou de dommages physiques. »"
Des coûts en hausse mais une gravité de blessures réduite…
« Entre 2017 et 2020, le télétravail se répand - 1 et 2 jours / semaine - et limite déjà les déplacements », détaille la responsable au Medex : « Je pensais que le télétravail (moins de trajets) aurait un effet positif sur les risques d’accidents sur le chemin domicile/bureau, ce n’est pas vraiment le cas. Cependant, déclare Cindy Gribomont : « des erreurs d’encodage dans la nature de l’accident restent possibles. » Auparavant, les victimes, moins averties sans doute, s’adressaient davantage à leurs mutuelles pour se faire rembourser leurs frais.Dave Verschueren : « Je rejoins la conclusion de Medex : les lésions résultant d’accidents de la route, plus longues à cicatriser, engendrent plus de soins et de frais. L’augmentation des frais est également due à l’introduction de nouveaux traitements médicaux (techniques, matériaux chirurgicaux et prothèses plus onéreux).
Prochaine étude ?
Face à cette première édition, Cindy Gribomont reste avec un certain nombre de questions : « En 2023 ou 2024, nous pourrons établir l’effet éventuel de la pandémie et du travail hybride sur les accidents du travail. Je suis curieuse… Mais je le vois déjà, la crise a ouvert des brèches. Les initiatives prises par les grands employeurs du secteur public - qui ne sont pas accompagnés par un assureur - pour accélérer les déclarations et leur suivi grâce à des outils en ligne est une source d’inspiration. »
Une prochaine analyse par type d’employeur, par métier, par fonction pourrait faire ressortir des choses significatives : « Nous l’observons, plus on avance en âge, plus certaines tâches deviennent à risque » , conclut la responsable, avec espoir : ces chiffres porteront à réflexion.
Comment protéger mon personnel des risques, par ex. en aménageant les conditions de travail des 60+, en réduisant les déplacements en cas de météo désastreuse, en œuvrant pour la sécurité des usagers en deux-roues, etc.
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