En Belgique, les femmes sont davantage affectées par des maladies chroniques et psychologiques que les hommes. Des barrières physiques, économiques et sociales, jusqu'aux disparités de traitement basées sur les stéréotypes de genre, découvrez dans cet article les défis auxquels les femmes sont confrontées.
1. Un état de santé plus fragile chez les femmes
Les maladies chroniques, définies comme des affections de longue durée (au moins six mois selon l'INAMI), affectent une plus grande proportion de femmes. Selon l'Observatoire belge des maladies chroniques de l'INAMI, 31,3 % des femmes belges déclaraient souffrir d'au moins une maladie chronique en 2018, contre 27,2 % des hommes. Ces maladies, qui durent généralement plus de six mois, ont un impact important sur la qualité de vie. Les plus fréquentes chez les femmes sont les lombalgies (douleurs dans le bas du dos), l'arthrose, les allergies, les cervicalgies (douleurs niveau du cou), l'hypertension et l'hypercholestérolémie.
Source : Enquête de santé par interview, Sciensano, 2018 [1]
Derniers chiffres disponibles – Enquête de santé par interview, Sciensano, 2018.
2. Santé mentale : des disparités persistantes entre les sexes
Les troubles anxieux et dépressifs sont parmi les problèmes de santé mentale les plus fréquents. Ils sont fortement influencés par les conditions de vie, de travail et de vieillissement, mais aussi par des inégalités de genre.
Selon l'enquête de Sciensano de 2018 (derniers chiffres disponibles), 14,2 % des femmes présentaient des troubles anxieux contre 7,9 % des hommes. Pour la dépression, la prévalence était de 10,7 % chez les femmes et de 8 % chez les hommes. Ces écarts illustrent l'impact différencié du contexte économique et social sur la santé mentale féminine.
« Selon l'OMS, les troubles mentaux constituent un des enjeux les plus importants de la santé publique dans la Région européenne, puisqu'ils y sont la première cause d'invalidité, la deuxième cause d'arrêt de travail et la troisième cause de la charge globale de morbidité, après les maladies cardiovasculaires et le cancer »2.
3. Des obstacles économiques toujours marqués
Les inégalités économiques entre femmes et hommes continuent d'avoir des conséquences concrètes sur la santé. Les femmes sont surreprésentées dans les emplois à temps partiel, prédominent dans des secteurs moins bien rémunérés, accèdent moins facilement aux fonctions dirigeantes et perçoivent des pensions plus faibles. Ces réalités augmentent le risque de renoncement aux soins.
Une étude de la mutualité Solidaris menée en 2019 (derniers chiffres disponibles) révélait que 46 % des femmes en Fédération Wallonie-Bruxelles avaient renoncé à au moins un soin de santé pour des raisons financières, contre 33 % des hommes. Ce taux grimpait à près de 60 % pour les familles monoparentales, dont 80 % sont dirigées par une femme.
Outre le coût direct d'une consultation ou d'un traitement, d'autres freins existent : transport, garde d'enfants, perte de salaire liée à une absence… Sans oublier que certains médicaments ne sont pas entièrement remboursés. Les femmes en situation précaire peuvent aussi être moins bien couvertes par une assurance complémentaire. Pourtant, opter pour une assurance ambulatoire ou hospitalisation peut grandement faciliter la prise en charge.
4. Des barrières physiques qui compliquent l'accès aux soins
La proximité géographique des structures médicales spécialisées joue un rôle important. Pour les femmes qui vivent dans des zones rurales, se rendre chez un gynécologue peut impliquer un long trajet. Or, un suivi gynécologique régulier est essentiel, notamment pendant la grossesse, où les consultations se multiplient. La distance peut ainsi freiner le respect des recommandations médicales.
Les délais d'attente représentent également un obstacle. Les femmes assument encore majoritairement les responsabilités familiales, ce qui limite leur disponibilité pour les rendez-vous médicaux. Les coûts indirects, comme la garde d'enfants ou la perte de revenu, s'ajoutent aux freins existants.
Enfin, les femmes en situation de handicap rencontrent des problèmes spécifiques : accessibilité des infrastructures, prise en compte insuffisante de leurs besoins spécifiques… Autant de points qui méritent une attention accrue.
5. Les barrières sociales et culturelles à ne pas négliger
La stigmatisation liée à certaines pathologies, comme les troubles psychiques, peut empêcher de nombreuses femmes de chercher de l'aide. Certaines normes culturelles influencent également les comportements : par exemple, l'accès aux soins de santé reproductive peut être limité dans certains milieux.
Le manque d'information joue aussi un rôle. Parfois, les femmes ne connaissent pas les services disponibles ou minimisent les symptômes par méconnaissance ou résignation.
6. Un traitement inégal dans le système de santé lui-même
Au-delà de l'accès, des biais subsistent dans la prise en charge. Sandrine Detandt, professeure en psychologie à l'ULB, rappelle que des études ont démontré qu'à pathologie équivalente, les femmes reçoivent parfois moins rapidement, voire pas du tout, des traitements antidouleur dans les services d'urgence. Ce phénomène s'explique par des stéréotypes encore trop ancrés : une perception biaisée selon laquelle les femmes exagéreraient leur douleur, la rendant moins crédible aux yeux du personnel médical3.
7. Quelles pistes pour une meilleure équité en santé ?
Cet examen approfondi de la santé des femmes en Belgique révèle un paysage complexe, façonné par des défis multiples. Des maladies chroniques aux obstacles d'accès aux soins, en passant par les inégalités économiques et sociales, les femmes font face à des barrières significatives. Les données soulignent la nécessité d'actions et d'initiatives pour garantir un accès équitable aux soins de santé. Il faut sensibiliser la société aux enjeux spécifiques de la santé féminine et créer un système de santé belge plus inclusif, garantissant que chaque femme ait accès aux soins dont elle a besoin pour mener une vie saine et épanouissante.
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Sources :
1 : Sciensano, Maladies Non Transmissibles : Vue d'ensemble, Health Status Report ; 22 Déc. 2019, Bruxelles, Belgique.
2 : Gisle L, Drieskens S, Demarest S, Van der Heyden J. Santé mentale : Enquête de santé 2018. Principaux résultats. Bruxelles, Belgique : Sciensano ; Numéro de rapport : D/2020/14.440/3.
3 : Le spécialiste, Les femmes et minorités sexuelles souffrent d'inégalités également dans la santé ; 8 mars 2022.








