Est-il vrai que la prévention est la clé de la transition climatique pour les entreprises ?

La transition énergétique et l'essor rapide des technologies durables recèlent de nombreuses opportunités, mais entraînent également de nouveaux risques. Pour les assureurs, l’exercice est délicat et et le rôle de la prévention capital: comment aider les entreprises à s’adapter et à innover tout en garantissant que les risques liés à ces nouvelles technologies demeurent gérables ?

« En tant qu'assureur, notre rôle est comprendre et évaluer les risques existants et nouveaux, analyser les solutions que nous pouvons apporter et la façon dont nous pouvons réduire le risque de sinistre », souligne Audrey Amiot, Chief P&C Corporate Officer chez AXA Belgium. « Pour les panneaux solaires, par exemple, nous examinons les systèmes de fixation résistants aux tempêtes, et pour les pompes à chaleur, la qualité de l'installation et de l'entretien. Chaque technologie exige une approche spécifique. C’est indispensable pour aider les assurés à réduire les risques liés à leurs activités. »

L'un des risques, pour les entreprises, est sans nul doute la dépendance aux combustibles fossiles, prolonge Johan Olbrechts, Manager Safety Advice Services chez AXA Belgium. « Outre le risque géopolitique de fluctuation des prix, il faut tenir compte de l'impact climatique. Les technologies durables peuvent apporter une réponse à ce problème en rendant l'approvisionnement énergétique plus stable et moins coûteux, mais ces techniques comportent leurs propres risques et défis. »

Exemple frappant de technologie durable et élément crucial de la transition énergétique, les parcs de batteries aident à utiliser l'énergie renouvelable de manière plus efficace en stockant les excédents pour une utilisation ultérieure, permettant ainsi aux entreprises d'optimiser leurs coûts énergétiques et de lisser les pics de consommation. Ils nécessitent malgré tout une approche réfléchie.

« Une installation de batteries de 1 MWh équivaut aux batteries de près de 15 voitures électriques », précise Johan Olbrechts. « En cas d'incendie, c'est un risque difficile à gérer. Vous ne pouvez pas simplement immerger une telle installation comme vous le feriez avec une batterie domestique ou une voiture électrique. »

C’est pourquoi AXA collabore étroitement avec les entreprises pour rendre sûres et assurables les nouvelles technologies comme le stockage de batteries. « De cette façon, nous stimulons le développement de technologies de batteries sûres et de systèmes de gestion de batteries performants », reprend Audrey Amiot. « Nous conseillons aussi en matière de prévention des incendies et de choix des emplacements. En disposant par exemple les installations à 10 mètres minimum des bâtiments de l'entreprise, le risque en cas d'incendie est considérablement plus faible. Investir dans des mesures préventives offre la possibilité d'économiser à long terme et réduit l'impact environnemental. Une bonne prévention évite en effet de devoir réutiliser des matières premières lors de la reconstruction après un incendie. »

Mieux comprendre les risques

Cela reste un exercice d'équilibriste : répondre aux besoins de l'industrie tout en garantissant que les risques demeurent gérables. « Nos ingénieurs en sécurité jouent un rôle -clé à cet égard », note Johan Olbrechts. « Avec leur expertise technique et leurs connaissances, ils mènent une réflexion pointue afin d’intégrer en toute sécurité les innovations durables. Nous en avons une vingtaine en interne, principalement des ingénieurs, et nous pouvons compter sur l'expérience et l'expertise de plusieurs entités au sein du groupe AXA. »

AXA organise chaque année environ 3.000 visites d'entreprises, dont une centaine spécifiquement axées sur l'adaptation au climat et la transition énergétique. « Nous aidons les entreprises, grandes et petites, à mieux comprendre et gérer leurs risques », résume Audrey Amiot. « Aux petites entreprises qui ne disposent pas des moyens suffisants pour une analyse complète, nous proposons un outil numérique qui leur permet de révéler rapidement leurs plus grandes faiblesses. »

À l'avenir, AXA continuera d'analyser les risques des technologies émergentes. Ces technologies posent en effet de nouvelles questions de sécurité, par exemple pour ce qui touche aux fuites et aux risques d'explosion. « Là encore, la question est : comment pouvons-nous gérer ces innovations avec un maximum de conscientisation afin que les risques restent assurables ? C'est notre rôle sociétal : accélérer la transition climatique et énergétique en rendant les risques gérables, afin que sécurité et durabilité aillent résolument de pair. »

Réduire les risques

Le rôle préventif d'AXA va cependant bien au-delà des seuls risques techniques. En matière de protection des personnes et de mobilité douce –( les modes de transport respectueux de l'environnement tels que la marche, le vélo et la trottinette) – également, l'assureur joue un rôle proactif.

Ses ingénieurs en sécurité n’analysent pas seulement les accidents du travail : ils suivent les tendances sociétales et les risques associés. AXA a ainsi été l'un des premiers acteurs à signaler l'impact de la mobilité douce sur le nombre d'accidents domicile-lieu de travail.

« Nous conseillons les entreprises sur l'ensemble du parcours, des plans cafétéria et du choix des solutions de mobilité aux formations et à la sensibilisation », insiste Audrey Amiot. « Ces actions de prévention permettent de limiter les risques d’accident sur le chemin du travail – c’est un objectif commun que nous avons avec nos assurés. »

Les informations ne restent pas confidentielles : AXA partage ses données via la fédération sectorielle Assuralia. Ainsi, les points noirs du trafic (comme les carrefours dangereux et les itinéraires cyclables) peuvent être mieux appréhendés, « et les gouvernements et les entreprises peuvent investir de façon plus ciblée dans des infrastructures cyclables sûres ».

Cette approche conduit par ailleurs à des initiatives telles que Le Quiz de la Route qu'AXA organise avec l’Agence wallonne pour la sécurité routière (AWSR) afin de rendre la circulation plus sûre.