Le patrimoine arboré communal requiert une vigilance permanente : écouter ses besoins, identifier les dangers qu’il représente pour les usagers, …
Partage d’expertise avec la ville d’Andenne et l’Agence pour la nature et les forêts.
L’arbre est une matière vivante qui ne vous dit pas ce qui est caché sous son écorce. Avec les changements climatiques, il se fragilise et les sources de dangers pour les usagers se multiplient. Ce qui justifie que chaque commune mette en place un plan de gestion de son patrimoine arboré, tel que :
- recenser les parcelles,
- inventorier les rues plantées,
- noter les essences d’arbres,
- pointer les plus exposés, les plus fragiles ou les plus anciens,
- conserver les dates et enregistrements de chaque mesure et entretien effectués.
Mais comment composer avec ces risques naturels et leur manque de prévisibilité ?
- Soit votre administration dispose en interne d’experts et de ressources suffisantes, comme c’est le cas pour Andenne, dans le Namurois. Le récit qui suit, avec ses expériences bien pratiques, pourrait vous inspirer.
- Soit vous pouvez vous adresser à des experts qui vous conseillent dans la gestion de vos arbres.
Pour vous, nous avons aussi rencontré auprès des autorités flamandes l’Agence pour la nature et les forêts qui prend en charge la surveillance du patrimoine arboré ainsi que la prévention, pour plusieurs communes qui lui en confient la gestion.
Témoignage du responsable Espaces verts d’Andenne : entretien du patrimoine arboré
Je sais toujours ce que je dois faire grâce à mon planning
« Grâce au planning et au répertoire cartographié, je suis certain qu’aucun arbre n’est oublié lorsque nous effectuons l’entretien annuel des pelouses, gazons et massifs », commente Fabian Evrard, responsable du service Espaces verts d’Andenne, commune entourée de bois traversés par des voiries : « C’est l’occasion d’effectuer un contrôle visuel rapide de l’état des arbres. En tant que propriétaire, nous sommes en effet responsables de leur entretien. Notre gestion doit être irréprochable et nos contrôles les plus fréquents possible ».
Comment inspecter ses arbres, concrètement ?
Équipés de nacelles, ses forestiers prennent en charge les ¾ du travail : « élaguer des zones boisées en rue nous prend 2 mois avec une équipe de 6 car il faut sécuriser le chantier, tronçonner, évacuer, faire la circulation lorsque nous occupons la moitié de la voirie », détaille-t-il.
Les interventions délicates sont confiées à un expert externe. « Dans certaines situations, les pompiers peuvent intervenir. La police et un de nos agents techniques de garde sont aussi susceptibles d’être appelés en cas d’alerte afin de décider de l’action à entreprendre », ajoute-t-il. Après chaque forte rafale de vent, une inspection de tous les parcs et rues boisées est de toute façon conseillée.
Comment Andenne gère-t-elle les urgences de ses arbres ?
« Les pompiers ne parviennent pas à accéder partout avec leur nacelle. C’est pourquoi, tous les 4 ans, nous concluons un marché public de 20 000 euros pour les élagages et abattages d’urgence : ils interviennent dans les 4h, c’est rassurant. J’y recours également quand l’équipe est débordée ou si l’intervention est trop dangereuse, exige d’autres compétences… Pour les arbres remarquables, par exemple, on fait appel à des experts arboristes, grimpeurs élagueurs ».
Avec les arbres, le risque zéro n’existe pas
Les inspections et élagages annuels sont essentiels, d’autant plus sur les parkings, les lieux de rassemblement, les plaines de jeux. Parfois les choses sont cachées. Avec un vent de 80km/h, même en pleine santé, un arbre peut tomber. « Récemment, un test de traction et de résistance au vent est effectué sur un de nos arbres. Il passe le test haut la main. Pourtant lors d’une des dernières tempêtes, il cède… », relate Fabian.
Andenne consacre 1/4h à l’observation de chaque arbre : présence de champignons sous l’écorce, nécroses des racines, couronne extérieure encombrante, branches mortes, tronc qui sonne creux… Et le responsable du Service Espaces verts d’ajouter : « la sécheresse explique les nombreuses chutes de branches par ‘rupture estivale’ sans que celles-ci ne présentent aucun signe avant-coureur». Il faut composer avec les caprices de la météo, la sécheresse tout comme les pluies excessives qui perturbent les sols et la stabilité des arbres.
Conseils d’un gestionnaire régional de l’Agence pour la nature et les forêts
Les arbres nous font travailler dans la durée : il nous faut planifier et doser nos efforts
Patrick Huvenne est gestionnaire régional de l’Agence pour la nature et les forêts. En collaboration avec des groupes de forestiers et ses collègues, il gère ses propres domaines au quotidien, dans le parc naturel du Brabantse Wouden. Patrick : « Par des mandats de gestion, plusieurs communes nous transfèrent la responsabilité de gérer leur patrimoine forestier à leur place, l’agence en assume alors les risques et la prévention. Certaines confient la surveillance de leur patrimoine naturel aux groupes de gardes forestiers, d’autres s’adressent à nos conseillers pour apprendre les ficelles du métier ». A noter que les parcs et jardins n’entrent pas dans la mission de l’Agence pour la nature et les forêts tout comme dans celle de la Direction Nature et Forêts de Wallonie. Toutefois, les espaces verts présentent des points communs et les conseils et expertises de ce type d’organisme pourraient vous être bien utiles.
Sinistres en responsabilité civile que l’on rencontre le plus fréquemment avec des arbres
Les dégâts causés par des chutes d’arbre ou de branche endommagent principalement clôtures, maisons, jardins de tiers, véhicules en stationnement… La prévention des dégâts aux biens de tiers est essentielle, notamment en lisière de forêts. Pour de nombreuses zones du Brabantse Wouden, nous disposons d’un plan de gestion de la nature dont les objectifs et les mesures sont fixés pour une période de 24 ans. Les gardes forestiers inspectent régulièrement les frontières des zones, pistent les défauts dans les arbres ou les branches mortes, etc.
Quel est le réel intérêt d’un plan de gestion du patrimoine arboré ?
« Nous établissons des priorités et nous assurons qu’un maximum de zones soient surveillées en temps et en heure selon leurs besoins particuliers », nous explique Patrick. Exemples :
- les domaines ayant un arriéré de gestion des arborescences périphériques demanderont un effort particulier les premières années afin de limiter les risques éventuels ,
- les domaines qui bordent les zones habitées ou fréquentées,
- les zones à pression récréative élevée, à forte concentration de sentiers pédestres, cyclistes et cavaliers.
Un plan de gestion des arbres met-il la commune à l’abri de tout dommage futur ?
La nature vit, elle subit des évolutions constantes dont certaines sont imprévisibles. Et le changement climatique augmente clairement les risques. « Atteindre le risque zéro est impossible, je rejoins Mr Evrard, on ne peut que tenter de limiter le risque. Cela se réalise par une cartographie attentive et rapide des situations problématiques, et, j’insiste, en faisant des choix : concentrer nos efforts d’inspection sur les zones les plus vulnérables, les arbres de lisière, les domaines fort fréquentés ou proches d’habitations, de routes, de voies ferrées ou navigables etc. » développe le responsable.
Cette expertise, l’Agence pour la nature et les forêts la partage avec les collectivités locales afin qu’elles puissent devenir autonomes dans la gestion de leur patrimoine arboré.